Journées de
l'architecture

10  19 
novembre 2023

Bruxelles la mi(en)ne

Bruxelles possède une riche histoire (et un avenir prometteur !) pour ce qui est de la gestion des matières premières présentes dans la région. Le territoire bruxellois comptait naguère différentes carrières dont on tirait du sable, de l’argile, de la pierre – il suffit de songer au quartier du « Sablon », ou « Zavel » en néerlandais, deux anciens mots désignant un sable limoneux.

Les journées de l’architecture de l’archiweek 2022 seront l’occasion de faire connaître des projets contemporains, mais aussi des réalisations historiques, qui pourront servir de sources d’inspiration pour une utilisation circulaire et locale des matériaux. Un bel exemple en ce sens est l’abbaye du Rouge-Cloître, édifiée à un endroit où l’eau, le bois, la pierre, le sable, l’argile et la chaux étaient disponibles à proximité.

Il n’y a pas si longtemps, construire était une activité réunissant une multitude d’acteurs locaux (artisans, ouvriers, habitants, institutions, …). Ce voisinage était au cœur des projets, créant à mesure que le chantier progressait, un lien étroit entre les gens et le futur lieu construit. Un lieu ainsi d’emblée familier, que l’on s’était approprié dans une relation durable et confiante entre l’homme et son environnement. Cette proximité, cette possibilité d’une appropriation des lieux, où les trouver aujourd’hui ? Quels modes de construction alternatifs peuvent nous aider à renouer cette relation ? « Bruxelles, la mi(en)ne » exprime notre volonté de rétablir le lien, par les matériaux mais aussi par nos façons de construire.

En nous attachant aux matières premières présentes à Bruxelles et aux méthodes de construction qui y étaient et sont pratiquées, nous voulons offrir des clés de solutions en vue d’une transition écologique et sociale. Lors de l’archiweek 2022, nous entendons ainsi permettre une « lecture » de Bruxelles sous l’angle de ces matières premières et ces techniques et savoir-faires. Nous vous invitons à parcourir la ville en regardant son environnement construit et les paysages alentour comme un immense dépôt de matériaux et un creuset de relations sociales. Vous découvrirez des projets architecturaux historiques et contemporains qui tirent pleinement parti des matières premières locales et se soucient de l’humain, sans que la beauté le cède à la durabilité.

Les matériaux de construction durables peuvent être répartis en trois catégories.

Geo-sourcing

Les matériaux géosourcés sont les matières premières minérales que l’on trouve à l’état naturel dans le sol, comme le sable, l’argile ou la pierre. Par le passé, ces matières premières, exploitées localement, constituaient les principaux matériaux de construction. Mais aujourd’hui aussi, la terre des déblais des chantiers bruxellois peut être revalorisée en tant que matériau de construction. Ces matières premières, disponibles localement, peuvent être transformées en matériaux de construction par des producteurs locaux avec une faible incidence sur l’environnement. C’est ainsi par exemple que Bruxelles est construite sur de grandes couches géologiques contenant des ressources précieuses telles que des sables bruxelliens et de l’argile ypérien.

© Thomas Noceto

Bio-sourcing

Les matériaux de construction biosourcés ont une origine biologique et renouvelable. Ces matières premières peuvent être cultivées, récoltées ou moissonnées dans des délais de production réduits ; comme elles croissent en permanence, elles forment une source constante de richesse naturelle. Pensons au bois, à la paille, à l’herbe, au chanvre, aux algues, ... En exploitant de manière réfléchie cette « mine à bois » et à fibres ligneuses, nous disposons d’une « carrière » locale qui fournit de manière durable des matériaux de qualité en abondance.

© Hub.brussels / Sonian Wood.

Urban-sourcing

Les matériaux « urbain-sourcés » (issus du recyclage urbain) sont ceux déjà présents dans des bâtiments existants et dont la production, le transport et la mise en place s’est déjà accompagnée d’une importante consommation d’énergie. Bruxelles possède un patrimoine construit très riche, recelant une énorme quantité de matériaux de qualité. En les « récoltant » lors des rénovations ou des démolitions, nous nous donnons un accès direct à des matériaux de construction présents localement et qui ne demandent pas l’ouverture de nouvelles carrières ou le lancement de nouveaux processus de production. Cette véritable banque de matériaux recèle des composants et des éléments constructifs « vintage », dont l’impact environnemental est nettement inférieur à celui des matériaux neufs.

© Olivier Beart / RotorDC

Inspiration

La tradition de construire à l’aide de matériaux naturels et d’éléments récupérés sur des bâtiments existants s’est perpétuée jusque loin dans le XIXe siècle. Les connaissances et les savoir-faire liés à cette approche ont été perdus après l’avènement de la révolution industrielle et le recours croissant aux énergies fossiles. Par une réactivation de ce savoir en sommeil, en présentant de nouvelles expériences, de nouvelles recherches et des innovations en cours, nous souhaitons favoriser le débat parmi les architectes et, plus largement, chez tout le public intéressé lors de l’archiweek 2022.

Ceux et celles qui voudraient approfondir le sujet trouveront ci-après une série de sources, de références et d’ouvrages pour nourrir leur réflexion :

Collecte des sources

BC – Brussels Cooperation – formé de BC architects & studies & materials.

BC est un groupe hybride, comprenant un bureau d’architecture (BC Architects), un laboratoire expérimental et éducatif (BC Studies) et une coopérative produisant des matériaux circulaires (BC materials) à partir de flux résiduels et de déchets. BC a pour objectif de donner un cours nouveau à l’acte de construire en menant des expériences et des projets de construction concrets dans différents contextes, selon différents programmes et en recourant à différentes techniques, avec des acteurs et au sein de partenariats divers. L’équipe agit toujours en symbiose avec l’environnement, en faisant droit au lieu et aux ressources locales, en exploitant les flux résiduels disponibles et en interaction avec les artisans, ouvriers et concepteurs sur place. BC à l’ambition d’aller sans cesse vers de nouveaux possibles dans la culture du bâtir, en s’insérant dans les contextes géographiques et en incluant les procédés et techniques propres aux régions où le groupe intervient.
Créé et établi à Bruxelles (mais enrichissant son action d’expériences et d’idées venues d’autres pays), BC a la conviction que la ville, et en particulier Bruxelles, ne doit pas être une simple « consommatrice » qui importe ses matériaux de loin et, après usage, s’en décharge au loin. BC est aussi un producteur (selon le principe de la « ville productive ») et un réutilisateur qui valorise ses actifs (ses « déchets »), créant ainsi un surcroît de valeur et de bien-être pour l’homme et la société, avec un impact positif sur l’environnement.

Équipe principale pour archiweek 2022 :
Chloë Ballyn, Laurens Bekemans, Anton Maertens, Henri Uijtterhaegen, Jasper Van der Linden

© Dieter Van Caneghem
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